mercredi 5 octobre 2011

C'est la fête

Aujourd'hui, 5 octobre, c'est la fête mondiale des enseignants et des enseignantes.

Je me disais en écrivant cet énoncé que c'est quand même seulement aux éléments menacés, ou sous-estimés, ou discriminés qu'on dédie spécialement une journée. C'est comme la journée de la femme, ou la journée de l'eau, ou de la paix, ou de la courtoisie au volant.

J'attends avec impatience la Journée mondiale des "Hommes entre 20 et 45 ans, de couleur pâle, parlant anglais et de classe moyenne". Ou "aimant la bière".

Et je me dis que le métier d'enseignant est drôlement mal vu pour qu'on le souligne ainsi.

Saint Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), patron des enseignants. Il a considérablement innové en matière de pédagogie: classes collectives (et non plus enseignement individuel) en français (au lieu du latin). Il s'est aussi dévoué pour éduquer les enfants pauvres. Comme il faut avoir accompli des "miracles" pour être saints, ou bien il faut canoniser tous les enseignants (héhé) ou bien l'enseignement en lui-même est miraculeux... (source de l'image: Wikipédia).


Ceci étant dit, c'est un travail que j'accomplie, de mon mieux, au jour le jour, depuis maintenant 6 ans. Avec des hauts et des bas, des périodes d' "à quoi bon", des moments intenses de joie et de tristesse.

Je me rappelle avec beaucoup de tendresse et d'émotions de l'étudiant qui était venu me voir dans mon bureau et m'avait confié ses doutes sur son avenir. Il rêvait de devenir policier et je me disais que c'était des gars comme lui que j'avais envie de croiser dans la rue, avec la responsabilité de maintenir l'ordre et de nous "ramasser à la petite cuillère" dans les drames de la vie. Un gars avec une tête sur les épaules. Qui savait écouter et avec une tonne d'empathie. J'avais pris un "post-it", j'y avais écrit "Je suis bon, je suis capable, je vais réussir mes rêves, je vais devenir policier.". La prescription d'une prof à mettre sur son frigo et à lire à toutes les fois qu'il irait ouvrir cette porte. Aussi important que de manger. Je lui avais prescrit de rêver.

On oublie souvent ce rôle immensément important. Un modèle à suivre pour les jeunes (et moins jeunes) générations. Un idéalisme de tous les instants. Celui de croire que tout est possible, de croire en l'avenir, d'apprécier l'insouciance de ceux qui ne savent pas encore. C'est cette image que j'aimerais qu'on ait des enseignants.

Des collègues plus âgés m'ont déjà confié que c'était leur fontaine de jouvence. Que ces bandes de jeunes toujours renouvelées, toujours (et parfois désespérément) jeunes les obligeaient à le rester aussi.


En boutade, je dis souvent de mes étudiants qu'ils sont éternels et qu'ils savent tout. C'est peut-être parce que j'aimerais bien que ça s'applique à moi aussi.

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