vendredi 28 octobre 2011

Mon nouveau blogue

J'ai commencé un nouveau blogue, le Modèle chimpanzé. Comme j'y écris tous les jours, cela me prend un peu beaucoup d'énergie (et j'ai moins d'idées pour celui-ci, malheureusement).

En attendant mon clonage, ou un définitif dédoublement de ma personnalité, venez jeter un coup d'oeil sur l'autre blogue. J'y parle singes, bien sûr, mais surtout maternité, petite enfance, avec une fois de temps en temps des montées de lait... Que du plaisir.

mercredi 19 octobre 2011

Je ne sais pas pour vous, mais moi je me souviens exactement du jour où j'ai compris qu'on comptait le temps. C'était en 1984. En juin. Mes parents nous avaient amenés, mon frère et moi, voir l'arrivée de la course des Grands voiliers sur le fleuve St-Laurent, juste en face de Québec. Pour célébrer le 450e anniversaire de l'arrivée de Jacques Cartier. C'était gros, c'était international. Les bateaux partaient de Saint-Malo, en France (et cela m'avait mélangée parce que nous fréquentions une paroisse qui s'appelait aussi comme ça...).

Allez voir ça sur le site de Radio-Canada... Un défilé de bateaux qui a duré 4 heures! (source de l'image: saisie d'écran sur le site d'archives de Radio-Canada).

Je ne savais pas encore lire. Il y avait de grandes banderoles au-dessus des rues, un peu partout. J'avais demandé la signification des écritures... et j'ai compris qu'on dénombrait les années.

Cela peut avoir l'air évident. En fait, nous vivons tellement le nez collé sur nos calendriers qu'il nous arrive peu souvent d'y réfléchir. Mais moi ça me passionne.

Commençons par le plus simple et le moins arbitraire: un jour. Il y a alternance entre les jours et les nuits. Le soleil se lève et puis se couche. Bon, parfois il n'y a pas de soleil visible, mais on peut compter sur lui... Alors que la lune... Mais le jour commence et finit quand? Minuit n'a pas toujours été un point de repère concret (d'ailleurs, comme le mot l'indique, ce n'est que le milieu de la nuit): en plus, la durée de la nuit change selon les saisons et selon les parallèles terrestres (à l'équateur, ce n'est pas la même durée qu'au 20e parallèle nord par exemple, à cause de l'inclinaison de la Terre et de sa rotation autour du Soleil...).

La Terre, lors du solstice d'hiver (jour le plus court). Sont indiqués les principaux parallèles (Tropiques, Équateur, cercles polaires et leurs latitudes) (source de l'image: Wikipédia).

Chez les Juifs, le jour commence au coucher du soleil. Le sabbath débute donc le vendredi dès que le soleil se couche et se termine le samedi, lorsque la nuit commence. C'est un "jour" de repos, notamment en souvenir de la Genèse, où on dit que Dieu-Yahvé s'est reposé au septième jour de son oeuvre de création. Juste pour dire à quel point la conception du temps peut varier d'une culture et d'une époque à l'autre...

D'accord, c'est compliqué. Et si on se risque dans d'autres espaces de temps? Le mois, tiens... La définition moderne est simple: l'année est séparée en 12 mois. Bon, mais c'est quoi? C'est une série de 28 (= février), 29 (= février des années bissextiles), 30 ou 31 jours. N'importe quoi, en l'occurrence... Une enseignante du primaire m'avait montré un truc mnémotechnique pour savoir combien de jours a chaque mois. Vous prenez votre poing, et vous comptez (en oubliant le pouce) :

Janvier (31 jours) = index
Février (28 ou 29 jours) = trou entre index et majeur
Mars (31 jours) = majeur
Avril (30 jours) = trou entre majeur et annulaire
Mai (31 jours) = annulaire
Juin (30 jours) = trou entre annulaire et auriculaire
Juillet (31 jours) = auriculaire
Et on recommence!
Août (31 jours) = auriculaire
Septembre (30 jours) = trou entre auriculaire et annulaire
Octobre (31 jours) = annulaire
Novembre (30 jours) = trou entre annulaire et majeur
Décembre (31 jours) = majeur
(source de l'image: Wikipédia)

On a bien essayé, dans certaines cultures, de mettre des mois de 30 jours. Mais le principe de l'année, c'est que la Terre a complété une révolution autour du Soleil (en astronomie, on parle d'une durée moyenne de 365 jours, 6 heures, 9 minutes et 9 secondes). Le problème, c'est que vous ne pouvez pas avoir une belle division: 365 se divise très mal en 12 parties (12 x 30 = 360 jours: il en manque et vous devez décaler quelque chose). Quand les fêtes de la récolte arrivent avant les semences, on a une grosse dissonance cognitive (ou, si vous préférez, plus rien ne va et tout fout le camp).

Ajoutons en plus que, selon son étymologie, le mois est lié à la lune (ah ben oui, c'est simple quand même de remarquer qu'elle diminue, disparaît, regrossit à intervalles plus ou moins réguliers). Cela nous mène aux menstruations, en passant, qui partagent la même racine: un mot d'indo-européen qui signifierait carrément "lune" (men). Et on arrive aux calendriers dits lunaires, qui correspondent avec les lunaisons (un cycle de la lune). Mais un mois lunaire équivaut à un peu plus de 29 jours, ce qui modifie encore de nos jours la date de Pâques du calendrier chrétien (calculé sur l'ancien calendrier lunaire basé sur celui des Hébreux) et la période du Ramadan des musulmans (aussi calculé sur un calendrier lunaire) puisque, je le répète, cela ne correspond pas avec l'astronomie et la rotation terrestre.

Ah mais c'est encore trop simple! Nous fonctionnons sur des cycles de 7 jours, la semaine, qui ne fonctionnent ni avec les mois (aucun facteur ne fonctionnerait pour 28 à 31, d'ailleurs...), ni avec les années (52 semaines de 7 jours = 364 jours). D'où les calculs compliqués pour faire équivaloir les mois et les semaines de grossesse, mais aussi les années où nous sommes payés (aux 2 semaines) 26 ou 27 fois...

Quant à savoir si un calendrier pourrait faire l'affaire de tout le monde, en constatant la variété qui existe encore de nos jours, je préfère vivre au jour le jour...

La prochaine fois, je vous parlerai de l'histoire des calendriers (j'en ai déjà glissé un mot ici)... Encore bien du plaisir!

lundi 10 octobre 2011

Bonheurs de lecture (2)

Ces temps-ci, je fais petit à petit mon chemin dans La civilisation chinoise de Marcel Granet (1929). Il a été réédité en 1995, mais j'ai une vieille version jaunie (héhéhé) qui date de 1968.

Ayant fait 2 sessions de chinois (mandarin) à l'université, je me retrouve devant un problème, celui de la translittération des noms chinois.

Pour les non-initiés, c'est une opération à travers laquelle on transpose le son d'une langue dans une autre. Ainsi, pour prendre un exemple relativement simple, le mot "Chine" s'écrit en mandarin simplifié: 中国. Le problème arrive quand on essaie de lire ce mot si on ne parle par mandarin.

On peut alors tenter d'écrire "au son" le mot en question, mais il faut noter que cette façon de l'écrire phonétiquement peut différer énormément si on a un auteur francophone ou anglophone, par exemple. De même, d'un auteur à l'autre (et même s'ils partagent au départ la même langue), la translittération peut changer. Pour garder notre exemple, de 中国 (Chine), Granet (1968: 37) écrit "Tchong kouo", tandis que la méthode de translittération maintenant universellement acceptée (le pinyin), écrira Zhōngguó (les accents marquent notamment la tonalité: comme il y a 5 manières de prononcer une même syllabe, il faut connaître le bon ton à y mettre!).

Je me retrouve donc à lire un texte où je ne reconnais ni les mots que j'ai appris (à moins d'essayer de deviner par recoupements avec les traductions données ou encore de les prononcer à voix haute en tentant de retrouver l'original), ni les noms de personnes ou de lieux que j'ai déjà vus ou entendus ailleurs.

Cette peinture représente un marché tenu lors d'une fête religieuse, autour de 960-1127, lors de la période dite des "Song du Nord" (source de l'image: Wikipédia).

Comme le pinyin n'a été mis en place que vers 1958, il est normal que Granet ne l'utilise pas dans son texte. Par contre, comme il est encore considéré comme un classique sur le sujet de la Chine, ses livres auraient besoin d'un bon dépoussiérage de ce côté (un peu comme les textes en français ancien qu'on traduit pour des lecteurs modernes)...

Je me suis demandée si je n'allais pas ajouter les sinogrammes appropriés et/ou la translittération en pinyin dans ma copie de Granet, mais j'avoue que ça représente un travail un peu trop soutenu (il y en a tellement!!!!). Et ça se conjugue un peu mal avec ma méthode de lecture: couchée dans mon lit.

On verra plus tard. Peut-être, si l'acclamation populaire y est, vais-je essayer de m'y mettre. Pour le moment, parce que j'adore ça, je vous offre le décorticage de 中国.

Carte de la Chine actuelle. Remarquez que certains noms (Beijing, Guangzhou) sont également orthographiés selon la forme "traditionnelle" (Pékin, Canton). À noter que "Pékin" est en cantonais, une des nombreuses langues parlées en Chine (chouette! une source de confusion!). Source de l'image: Wikipédia.


Le premier caractère, 中, se prononce zhōng, ce qui signifie "centre, milieu, juste milieu", "Chine", "dedans, dans", "moitié", "d'accord, correct, orthodoxe" (cf. Sanfaçon, 1997, p. 686). 国, le guó, se rapporte à "pays, nation, état", mais plus précisément à un adjectif qui renvoie à "d'état, chinois" (comme dans un "produit national chinois":国货) (Sanfaçon, 1997, p. 731). Donc, résumons-nous: l'expression "l'empire du milieu" n'a pas été forgée de toutes pièces...

Par contre, toujours sur le 国, il faut voir que le carré qui représente une enceinte, un enclos (Sanfaçon, 1997, p. 730): ce sont les murailles d'une ville, ou les frontières d'un pays. À l'intérieur se trouve le 玉, , le symbole pour le jade (3 pièces de jade enfilées sur un fil, dit l'étymologie de Sanfaçon (1997, p. 355)). On y verrait le pays du jade pour la Chine en forçant très légèrement. Par contre, si on simplifie toujours le signe, on trouvera 王 (on enlève un trait seulement), et on aura wáng, le "roi, prince", le "grand", ou les verbes "régner, gouverner" (Sanfaçon, 1997, p. 344). Le pays est là où se trouve le roi, est un roi entouré de murailles.

Boutons de jade néphrite (à ne pas confondre avec la jadéite des Mayas en Amérique précolombienne!), sculptés à la main. Le "jade" a été plus prisé en Chine que l'or ou l'argent (source de l'image: Wikipédia).

Avec ces informations, vous n'oublierez pas le mot. Moi c'est comme ça que j'arrive à y faire sens.

Sources citées:
GRANET, Marcel (1968). La civilisation chinoise, Paris, Albin Michel, 505 p.

SANFAÇON, Roland et al. (1997). Dictionnaire kuaisu- Chinois - Anglais - Français (avec l'étymologie des caractères), Sainte-Foy (Québec), Les Presses de l'Université Laval, 905 p. (épuisé)

mercredi 5 octobre 2011

C'est la fête

Aujourd'hui, 5 octobre, c'est la fête mondiale des enseignants et des enseignantes.

Je me disais en écrivant cet énoncé que c'est quand même seulement aux éléments menacés, ou sous-estimés, ou discriminés qu'on dédie spécialement une journée. C'est comme la journée de la femme, ou la journée de l'eau, ou de la paix, ou de la courtoisie au volant.

J'attends avec impatience la Journée mondiale des "Hommes entre 20 et 45 ans, de couleur pâle, parlant anglais et de classe moyenne". Ou "aimant la bière".

Et je me dis que le métier d'enseignant est drôlement mal vu pour qu'on le souligne ainsi.

Saint Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), patron des enseignants. Il a considérablement innové en matière de pédagogie: classes collectives (et non plus enseignement individuel) en français (au lieu du latin). Il s'est aussi dévoué pour éduquer les enfants pauvres. Comme il faut avoir accompli des "miracles" pour être saints, ou bien il faut canoniser tous les enseignants (héhé) ou bien l'enseignement en lui-même est miraculeux... (source de l'image: Wikipédia).


Ceci étant dit, c'est un travail que j'accomplie, de mon mieux, au jour le jour, depuis maintenant 6 ans. Avec des hauts et des bas, des périodes d' "à quoi bon", des moments intenses de joie et de tristesse.

Je me rappelle avec beaucoup de tendresse et d'émotions de l'étudiant qui était venu me voir dans mon bureau et m'avait confié ses doutes sur son avenir. Il rêvait de devenir policier et je me disais que c'était des gars comme lui que j'avais envie de croiser dans la rue, avec la responsabilité de maintenir l'ordre et de nous "ramasser à la petite cuillère" dans les drames de la vie. Un gars avec une tête sur les épaules. Qui savait écouter et avec une tonne d'empathie. J'avais pris un "post-it", j'y avais écrit "Je suis bon, je suis capable, je vais réussir mes rêves, je vais devenir policier.". La prescription d'une prof à mettre sur son frigo et à lire à toutes les fois qu'il irait ouvrir cette porte. Aussi important que de manger. Je lui avais prescrit de rêver.

On oublie souvent ce rôle immensément important. Un modèle à suivre pour les jeunes (et moins jeunes) générations. Un idéalisme de tous les instants. Celui de croire que tout est possible, de croire en l'avenir, d'apprécier l'insouciance de ceux qui ne savent pas encore. C'est cette image que j'aimerais qu'on ait des enseignants.

Des collègues plus âgés m'ont déjà confié que c'était leur fontaine de jouvence. Que ces bandes de jeunes toujours renouvelées, toujours (et parfois désespérément) jeunes les obligeaient à le rester aussi.


En boutade, je dis souvent de mes étudiants qu'ils sont éternels et qu'ils savent tout. C'est peut-être parce que j'aimerais bien que ça s'applique à moi aussi.

mercredi 28 septembre 2011

Un animal comme les autres

J'aimerais parler aujourd'hui d'un animal à la fois ordinaire et exceptionnel. À vous de deviner de qui il s'agit...

On va commencer par une image de l'embryon à 5 semaines de notre ami mystérieux... Allez, on devine dans le fond de la salle, s'il vous plaît! (source de l'image: Wikipédia).


Comme l'ensemble des vivants, il peut mourir (c'est en fait le pendant logique d'être vivant), il grandit, il a un métabolisme (ce qui suppose des dépenses énergétiques par ses cellules, ce qui nécessite qu'il se nourrisse, tandis qu'on peut observer des échanges de protéines et autres machins entre ses unités). Et, bien sûr, il se reproduit - le sexe et la mort, les 2 grands mécanismes de son évolution (cf. Ruffié).

Comme tous les animaux (et à l'inverse des végétaux!), il est équipé de systèmes sensibles (vision, ouïe, etc.), il est capable de mouvements (motilité) et il ne peut pas fabriquer sa propre nourriture (hétérotrophie).

C'est un vertébré, ce qui signifie qu'il possède une colonne vertébrale en os, et il partage avec cet ensemble d'animaux la reproduction sexuée (donc, entre des individus mâles et femelles).

Il a toutes les caractéristiques du groupe des mammifères (ce qui le sépare des poissons, des batraciens, des reptiles et des oiseaux). Il est à sang chaud, à température corporelle constante (plus ou moins, mais surtout pour différencier avec les reptiles), avec des poumons, et, parmi la classe des mammifères, qui possède un placenta (pour les femelles, bien sûr). Rajoutons finalement un élément : cette bestiole possède des mamelles (d'où l'étymologie du mot mammifère: du latin mamma, c'est-à-dire "sein, mamelle", ce qui nous a aussi donné "maman" en passant).

Parce que j'aime bien nuancer, il faut quand même comprendre que tous les mammifères ne possèdent pas de mammelles (allez voir l'ornithorynque, un de mes animaux fétiches!), et que d'autres ne sont pas équipés d'un placenta (par exemple le kangourou a une poche, et l'ornitho, toujours lui, pond des oeufs!!!).

L'ornithorynque, un mammifère très spécial d'Australie, dont la femelle nourrit ses petits par du lait qui suinte de son ventre et qui pond des oeufs à l'enveloppe semblable à du cuir. En plus, le mâle a un dard empoissonné sous la patte arrière et son bec lui permet de faire des champs électriques qui assomment ses proies. Génial! (source de l'image: Wikipédia).
  Allez: d'autres images (parce qu'on aime ça)!

Lors de sa naissance, au bout de 4 semaines de gestation, le petit du kangourou ("joey", en anglais) est encore à l'état embryonnaire (image du haut). Il doit ramper jusque dans la poche de sa maman, où il restera accroché à une tétine pendant environ 5 ou 6 mois, avant de sortir sa jolie frimousse. Il ne sortira définitivement que vers 8 mois (source des images: Wikipédia).

Bon, résumons: je ne veux pas parler d'ornithorynque (enfin, si, mais c'est déjà fait), ni de kangourou. Poursuivons nos indices et descriptions.

Je parle d'un mammifère qui possède le système de détermination des sexes basé sur les chromosomes sexuels X et Y (XX pour une femelle, XY pour un mâle). Il possède un marqueur dans l'ADN qu'on appelle le rétrotransposon - on entre ici dans la biologie moléculaire, et je préfère ne pas m'aventurer dans ces chemins labirynthiques sans cartes (autrement dit: je n'y comprends rien, informez-vous ailleurs parce que je vais dire des bêtises). Enfin, c'est chouette, il a des poils.

Non, attends, on ne sait toujours pas de qui il s'agit: le lièvre ou le gorille ou autre chose?

Bon, j'aime bien cette caractéristique: il a un pénis externe (ça élimine notamment mon chat) et qui n'est pas soudé à l'abdomen. On appelle les animaux de ce clade des euarchonta (de archonta, "chefs", et eu-, "vrai" - les "vrais chefs", donc...).

D'accord, parce que je vous aime bien, nous allons raffiner: il a un pouce opposable (qui est aligné à l'opposé des autres doigts - observez votre pouce). Cela lui permet de saisir des objets, comme son cousin le Macaque de Formose.

Scène de "tendresse" (rectifions: d'entretien de liens sociaux) entre 2 macaques de Formose: l'épouillage - attention, ça demande du doigté! (source de l'image: Wikipédia).
Voilà, on commence à chauffer: c'est un primate (qu'on nomme aussi "singe"). Primate vient de primas ("qui occupe la première place"),  et on compte un bon nombre de caractéristiques communes entre notre animal mystère et l'ensemble de cet ordre: ongles plats, préhension (avec la queue ou le pouce opposable), prédominance de la vision (au lieu de l'olfaction), yeux orientés vers l'avant du visage (ce qui permet la vision 3D), appareil digestif essentiellement végétarien, dermatoglyphie (empreintes digitales), sensibilité tactile très développée, cerveau plus gros et plus lourd que chez les autres mammifères, beaucoup d'apprentissage, donc, d'intelligence, mode de reproduction de type K (peu de petits, beaucoup de soins à leur prodiguer) et dépendance longue des jeunes envers les adultes, hiérarchies avec dominance des mâles OU des femelles (selon les espèces) et présence de systèmes de communication complexes.

Bon, je commence à en avoir marre, alors voici la liste des autres caractéristiques notables de notre sujet:
- présence d'un nez (et non d'une truffe humide)
- pas de vibrisses
- corps en forme de singe
- origine de l'espèce africaine (donc, dans le groupe des "singes de l'Ancien monde" - les Catarhiniens)
- narines rapprochées et ouvertes vers le bas
- 32 dents (au lieu de 36 pour les "singes du Nouveau monde" - les Platyrhiniens)
- pas de queue préhensile (en fait, pas de queue du tout)
- articulation de l'épaule de type brachiateur (qui tourne à presque 360 degrés)
- plus grand que la plupart des primates
- plus intelligent que la plupart des primates
- plus de dépendance des jeunes que chez la plupart des primates
- utilisation d'outils (sans modification de l'environnement).

Attention, cela nous ramène à 8 espèces possibles encore vivantes (on élimine, si vous le permettez, les hominidés disparus - Australopithèques et autres Homo): j'ai nommé les Hominoïdés (les 2 espèces de gorilles, les 2 espèces de chimpanzés, les orangs-outans, les gibbons, les siamangs et les humains).

Allons-y de façon systématique:

Ce n'est pas le gibbon ou le siamang, puisqu'ils n'ont pas les éléments suivants:
- la bipédie totale ou partielle (marcher sur les 2 pattes arrières)

- des comportements sociaux complexes
- une expressivité faciale (pouvent exprimer des émotions sur le visage)
- une communication beaucoup plus complexe: apprentissage possible d’un langage rudimentaire, manipulent concepts abstraits
- et la conscience, qui se traduit notamment par la reconnaissance de sa propre image dans un miroir.

Éliminons maintenant les orangs-outans:
- c'est un primate peu ou pas du tout arboricole (= qui vit dans les arbres).

Soyons encore plus précis (ce qui enlève les gorilles de notre liste), et notons: 
- la fabrication d’outils (qui implique de modifier l'environnement)
- une sexualité pouvant déborder la reproduction
- une alimentation de type omnivore (et de plus en plus carnivore)
- des gènes très précis (en fait, environ 99% du bagage génétique commun entre les chimpanzés et les humains).

Résumé des liens familiaux: Hominoidea = Hominoidés; Pan = Chimpanzés; Pongo = Orang-outan; Hylobates = Gibbons. Donc, nos plus proches cousins sont les chimpanzés (séparation entre les lignées il y a entre 6 et 10 millions d'années selon les sources), suivis de près par les Gorilles (un peu avant la séparation avec les chimpanzés). Notons que ce schéma ne présente pas les Homininés fossiles (Australopithèques et compagnie). (source de l'image: Wikipédia).

Finalement, il ne reste "que" 4 caractéristiques fondamentales à notre copain:
- 46 chromosomes (48 pour les autres)
–non arboricole (ou de moins en moins)
–bipédie la plupart du temps
- innovations culturelles (maîtrise du feu, langage le plus compliqué, outils les plus sophistiqués). Attention! je n'ai pas dit que les chimpanzés n'ont pas de culture, ou d'outils!

Voilà. Il reste l'être humain. Homo sapiens. Des différences de degrés et non de caractéristiques avec ses plus proches cousins. Et qu'on ne viennent plus me dire que nous ne sommes pas des animaux ou des singes.


Sources mentionnées:
RUFFIÉ, Jacques (2000 (1986)). Le sexe et la mort, Paris, Odile Jacob, 337 p.

mercredi 21 septembre 2011

Mon refus d'être "heureuse"

Apparemment, les gens croyants ont plus tendance à se dire heureux... Je n'ai jamais réussi à retrouver la référence de l'article où j'ai souvenir d'avoir lu cette idée.

De toute façon, là n'est pas le problème. Je veux parler du fait que la religion implique fondamentalement (hihihi) une irrationalité.

L'athéisme, pour moi, c'est de garder un sens critique quand on me raconte des histoires - parfois très belles, parfois très profondes, parfois aussi très stupides. Des histoires qui tentent de trouver un sens à ce qui est intrinsèquement absurde et insensé (comme la mort ou la maladie ou les catastrophes naturelles).

Peinture de Pieter Brueghel l'Ancien : Le triomphe de la mort (1562) (source de l'image: Wikipédia).
Cela me fait penser à une anecdote anthropologique: Dan Sperber (1974: 141 et sqq) racontait que, chez les Dorzé, en Éthiopie, les léopards sont considérés comme des chrétiens qui respectent les jeûnes de l'église copte.

Une croyance comme une autre, donc... Mais qui a son lot de conséquences... À savoir:
1) Si les léopards sont bel et bien chrétiens, cela signifie qu'on leur accorde des valeurs morales, qualités qui ne sont reconnus qu'au genre humain par les Dorzé. (oups!).
2) Cependant, les Dorzé savent bien que certains humains ne sont pas chrétiens. Eux-mêmes ne le sont, d'après leur tradition, que depuis le 15e siècle. Cela signifie comme, dans leur logique même, que le christianisme n'est pas inné, mais bien acquis, et qu'il nécessite le baptême précédé d'une conversion. Seulement, les léopards sont chrétiens. De naissance. Naturellement. (fichtre!).
3) Les léopards, bons chrétiens, sont censés jeûner tous les vendredis, comme le prescrit l'église copte. Pourtant, les Dorzé ne cessent pas de veiller leurs troupeaux les vendredis. Ils savent bien que les léopards chassent tous les jours. (zut!).

Un exemple ethnographique a ceci de rafraîchissant que son exotisme permet de le considérer avec légèreté. La preuve: les Dorzé sont loin, ils sont étranges... Ils habitent dans des cases!!!!

Huttes dorzé, qu'ils nomment toukoul (2008). source de l'image: Wikipédia.

Mais je pourrais faire le même exercice avec plusieurs points de foi qui sont, à leur manière, tout aussi fantasmatiques.

J'expliquais cette semaine à mes étudiants une notion délicate, celle du zéro relatif dans une variable. En gros, ce zéro est un point de repère, une convention sur laquelle on se base pour calculer. Ainsi, 0 degré centigrade (pas tout à fait ° C) ne signifie pas qu'il n'y a pas de température... mais bien que l'eau atteint son point de congélation (si elle est pure, si elle est dans une atmosphère normalisée - autrement dit, dans une situation totalement artificielle).

Pour poursuivre mes exemples de zéro relatif, j'ai demandé "En quelle année sommes-nous?".
- 2011, me répond-t-on.
- Bon, c'est facile... mais 2011 ans après quoi?
- Après la naissance de Jésus.
- Et vous trouvez normal qu'on calcule le temps à partir de "la naissance de J.-C."?
- Oui.

Oui, parce qu'il est facile d'oublier que d'autres calculent avec d'autres départs. Oui, parce que le monde a été colonisé par l'Europe, elle-même christianisée depuis longtemps (oui, c'est aussi une forme de colonisation), et que le calendrier grégorien a été imposé un peu partout.

Le pape Grégoire XIII, l'instigateur des changements au calendrier julien à la fin du XVIe siècle (source de l'image: Wikipédia).

En passant, il est connu aujourd'hui que l'an 1 du calendrier grégorien correspond approximativement avec la "naissance" de Jésus-Christ. Jésus dont, soit dit en passant, on n'a jamais entendu parler ailleurs que dans le Nouveau Testament pour son époque. Autrement dit, ou bien il a été tellement insignifiant qu'on n'a pas jugé bon d'en parler avant 70 ans minimum (date des premiers écrits chrétiens), ou bien il n'a pas existé.

Personnellement, je préfère la seconde hypothèse.

Et le jour où quelqu'un m'expliquera comment un dieu immensément bon a créé le Mal, ou comment les dinosaures ont existé s'ils n'étaient pas dans le Jardin d'Eden, alors je reconsidérerai ma position.
En passant, les histoires de "dieu nous laisse libres" ou de "dieu a créé la Terre avec des fossiles déjà présents" me laissent complétement de glace. C'est mon zéro absolu en matière de religion.

Source citée:
SPERBER, Dan (1974). Le symbolisme en général, Paris, Hermann, 163 p.

Bonheurs de lecture (1)

Ces derniers jours, j'ai dévoré Mâle Moyen Âge de Georges Duby. Un classique, m'a-t-on dit.

Georges Duby (1919-1996), un historien français spécialisé dans la période du Moyen Âge (source de l'image: Wikipédia).  

Il faut le reconnaître: on y apprend des tonnes de choses. Entre autres, la place des hommes et des femmes à l'époque.

Dans cette période - pas si ténébreuse que ça, puisque Duby parle d'une "Renaissance" -, les femmes étaient probablement plus éduquées que les hommes (en tout cas, dans les classes supérieures, où elles avaient le temps d'apprendre à lire et à écrire, alors que leurs frères apprenaient à se battre).
Pour écarter les femmes de l'héritage, on les dote (mais attention! que du transportable: des meubles, de l'argent le plus souvent issu de la dot de la mère, des tissus - oubliez les terres et les bâtiments).

Par contre, dans la même logique, on interdit à la plupart des garçons de se marier, les cantonnant dans une situation de "jeunes" pour certains jusqu'à leur mort. Mort dans les tournois, mort dans les croisades, activités guerrières dans lesquelles on peut espérer assez de pertes humaines pour occuper tous ces mâles. Si on ne permet pas une sexualité matrimoniale, il ne faut pas penser pour autant que ces chevaliers restent chastes: il s'agit de relations ancillaires, quand on ne rêve pas à l'amour courtois - séduire la femme du seigneur, mais il serait douteux que cette compétition pour avoir l'attention de la dame ait été si souvent autre chose que platonique.

(source de l'image: Wikipédia).

J'aime bien analyser ce type de négociations, entre les intérêts de l'individu (devenir indépendant, se marier, hériter) et ceux du groupe familial ("caser" les jeunes - hommes et femmes -, marier les femmes pour les retirer de l'héritage, empêcher les hommes de se marier - à l'exception de l'aîné -, éviter que le patrimoine familial ne se fractionne).

Peu de choix, donc, pour les unes comme pour les autres. Il fallait se plier aux exigences des maîtres de la maisonnée, au père et au frère le plus vieux. Pour les hommes, une vie de célibat, soit comme chevalier ou comme ecclésiastique. Pour les femmes, devenir mère, impérativement.

Par contre, dans cette stratégie, on remarque un surplus de femmes par rapport au nombre d'hommes à marier. D'où la possibilité, pour la noblesse, de se marier à une femme d'un milieu plus élevé que le sien - ce qu'on nomme hypogamie en anthropologie. D'où, aussi, la fierté des hommes à décliner leur généalogie par la mère, plus prestigieuse.

Cette caractéristique démographique et matrimoniale me mène à formuler l'hypothèse selon laquelle ce serait cette situation qui aurait permis à nos sociétés occidentales de devenir d'abord bilinéaire (on tient compte des ascendances paternelle et maternelle, mais pour des raisons différentes - par exemple, les filles héritent de leur mère et les fils de leur père), puis bilatérale (les deux lignées ont autant d'importance l'une que l'autre).

On se retrouve donc dans la situation actuelle, au bout d'une longue évolution, où les mères veulent donner leur nom de famille autant que les pères (d'où un nom double, à la manière espagnole, et dans une génération Y au Québec). Cependant, cette mode pourrait être de courte durée: on la retrouve déjà moins souvent, puisque, dans la génération suivante, il faut donner 4 noms (!) ou choisir un des 2 noms pour chaque parent (lequel? celui du grand-père paternel ou maternel?)... Et il s'agit bien, encore, de noms transmis par une lignée masculine...

Pour l'héritage, cela me semble plus compliqué: j'ai l'impression que ma mère va me transmettre ses bijoux (qu'en ferait mon frère???), mais il y a aussi la fille de mon frère, ma nièce donc, qui pourrait se retrouver sur le testament. Il n'y a pas encore de tradition bien établie, les changements s'étant produits rapidement (sur 2 ou 3 générations): on ne sait pas encore si les choix seront individuels ou généralisés en la matière.

Sources:
DUBY, Georges (2010 (1983-1988)). Mâle Moyen Âge, Paris, Flammarion, 270 p.

RIVIÈRE, Claude (1995). Introduction à l'anthropologie, Paris, Hachette Supérieur, 158 p. (épuisé)

dimanche 28 août 2011

Rester

Je suis encore très secouée par la mort récente et inattendue de Jack Layton, trop, je crois, pour écrire cette semaine; j'aurais aimé pouvoir exprimer ce que je ressens de telle ou telle façon spirituelle, et je vais le faire bientôt, promis, cette expérience-ci en valant bien d'autres, dans le "temps" - la clé ici étant, "le temps", qui, seulement, peut guérir les blessures que l'histoire impose à ses témoins, tu peux me citer là-dessus. Mais pour l'instant je crois... que ce que j'ai à dire de plus honnête, présentement, c'est, a) le monde est tout ce dont on peut parler; b) dans le monde existent des gens qui nous donnent espoir; c) quand on a espoir le monde a un sens.

lundi 22 août 2011

Commencements pluriels

Ma connaissance de l'anthropologie est en grande partie épistémologique, sinon assez superficielle, mais je crois que les anthropologues ont abordé la question du langage bien avant la philosophie analytique; les horizons que les philosophes créditent généralement Kant d'avoir ouverts font de lui non pas le premier «philosophe du langage» mais plutôt, enfin selon moi, le premier anthropologue.

Emmanuel Kant, 1724-1804 (source de l'image: Wikipédia).

Il ne le formule pas ainsi, mais je pourrais résumer comme suit: le langage serait probablement apparu de manière graduelle (en cela il serait d'accord avec Josiane), pour des raisons pratiques ayant peu à voir avec une quelconque nécessité; il est en effet assez facile de comprendre comment, depuis les premières «sociétés» plus ou moins atomisées, les gens qui savaient communiquer entre eux avaient de plus grandes chances de survie que ceux qui n'appartenaient à aucune communauté.

«Parler», c'est toujours parler à quelqu'un, et parler la même langue, c'est se reconnaître une origine commune.

J'ai appris très tôt (peut-être même par toi, Josiane!) que dans énormément de cas les membres d'un groupe donné s'autodésignaient par un terme signifiant approximativement «hommes» (au sens «espèce humaine»), par opposition aux «étrangers» ne parlant pas la même langue et donc n'appartenant pas audit groupe.

(L'exemple le plus commun est bien sûr le péjoratif terme «barbare» qu'employaient les Grecs, puis les Romains, à tout individu ne parlant pas, respectivement, le grec et le latin, encore employé aujourd'hui un peu à toutes les sauces pour désigner une personne ne répondant pas aux critères de classe en vigueur dans x ou y contexte).

J'avoue avoir spontanément pensé qu'il aurait difficilement pu en être autremement - on se définit toujours par rapport à ce qui n'est pas soi.

Par ailleurs j'adore ton expression, «surdité sélective»; j'aurais envie de dire qu'on peut aussi observer dans certains cas un «mutisme sélectif»: refuser sciemment d'aborder une question, c'est lui donner de l'importance; refuser de parler de quelque chose, c'est encore une façon d'en parler (voir, Foucault, entre autres), de souligner par la négative l'importance de cette chose.

Michel Foucault, 1926-1984. L'un des auteurs en sciences humaines les plus cités (source de l'image: Wikipédia).

On ne «refuse» pas d'aborder un sujet qu'on ne «comprend pas» - il n'en est tout simplement «pas question». De même l'impératif «tais-toi!», l'incitation au silence ou au secret, ou encore l'omission volontaire de certains éléments culturels sont autant de «preuves» de la profondeur des implications de la parole.

Je me souviens d'avoir pour la toute première fois entrevu la fragilité des fondations des religions dites (haha!) révélées lorsque j'ai entendu ou lu la phrase, «Au commencement était le verbe», et imméditatement pensé, «belle pétition de principe!».

Même dans mon cerveau d'enfant de huit ans, cela n'avait aucun sens: si les mots précèdaient les choses, qu'en était-il des «choses» qui, au «commencement», n'existaient pas encore, par exemple, le train, ou la télévision? Est-ce que ces mots-là avaient, eux aussi, toujours existé?

La locomotive de Richard Trevithick en 1804, la première à fonctionner à la vapeur (source de l'image: Wikipédia).

Et les choses à venir, le «futur», comment se faisait-il qu'on ne le connaisse pas à l'avance? Existait-il donc deux sortes de mots, ceux qui avaient «toujours été là» (et encore, là, d'accord, mais «où», s'ils ne signifiaient rien pour personne?), et ceux que «nous» donnions aux «choses» que nous découvrions et inventions? Si on tire sur ce petit fil, toute l'étoffe se défait...

Source mentionnée:
FOUCAULT, Michel (1994). Histoire de la sexualité 1: La volonté de savoir. Paris, Gallimard, 248 p.


dimanche 21 août 2011

Parler du langage

Le langage. Par où commencer?

Par la différenciation amenée par Ferdinand de Saussure (1913) entre langage, langue et parole; cet emboîtement, où le premier contient le second qui contient le troisième, est devenu passablement célèbre?

D'un potentiel général (et commun à presque tous les êtres humains) de s'exprimer avec des signes, on passe à une actualisation diversifiée (selon les communautés) et à une appropriation personnelle du langage selon les contextes. Autrement dit: je peux parler le français (ma langue) parce que j'ai le cerveau et le système respiratoire nécessaires pour être capable de le faire (le langage) et j'ai ma propre façon de parler, mes expressions fétiches et mes tics (ma parole).

Ferdinand de Saussure (1857-1913), le célèbre linguiste suisse (source de l'image: Wikipédia).
Parler des théories plus récentes, alors? De grammaire générative et transformationnelle (cf. Chomsky notamment)? Cette théorie tente d'expliquer, si j'ai bien compris, comment les gens réussissent à pratiquer le langage, à travers leurs capacités cognitives, l'apprentissage d'une langue, mais aussi l'invention que suppose l'utilisation originale d'un code linguistique (autrement dit: nous ne sommes pas des perroquets!).

Noam Chomsky en 2004. C'est un linguiste et un activiste américain (source de l'image: Wikipédia).

Mais c'est encore bien théorique... Et j'avoue ne pas vouloir me mêler trop de choses que je ne maîtrise que très peu (peut-être Maripé a-t-elle des trucs plus intéressants à dire là-dessus?).

Parler des origines des langues (cf. la belle synthèse dans Les Cahiers de Science & vie, 2010)? Je me sens déjà un peu plus confortable, puisque c'est un sujet sur lequel j'ai quelque peu réfléchi... Par contre, je ne peux pas affirmer avoir une pensée très originale là-dessus.

Sinon que je préfère l'hypothèse voulant que le langage soit apparu de façon graduelle (et non de manière brusque avec les débuts de l'espèce Homo sapiens), que j'aime à penser que nos proches cousins les Néandertaliens le possédaient aussi (c'est presque du racisme de dire le contraire, toujours à mon avis), et que l'idée qu'il faut absolument un larynx bas (sous prétexte que c'est notre cas) est remise en question (j'aime bien ceux qui s'attaquent aux idées reçues, surtout en science!).

Le langage articulé ne fait malheureusement pas de nous des êtres meilleurs, différents, oui, mais pas vaccinés contre la bêtise (nous restons, malgré ce qu'on en dit, des animaux, donc, bêtes à s'entretuer et à en mourir).

Au-delà de la fascination qu'exerce le sujet du langage (probablement parce qu'il est souvent identifié comme une spécialité de l'être humain), il y a encore et toujours nos difficultés à nous exprimer et à nous faire comprendre. Et notre tendance à être «sourds» de façon sélective.


Sources mentionnées:

CHOMSKY, Noam (1969). Aspects of the Theory of Syntax. Cumberland (RI), The MIT Press, 251 p.

COHEN, Laurent (2011 (2009)). Pourquoi les chimpanzés en parlent pas: Et 30 autres questions sur le cerveau de l'homme. Paris, Odile Jacob, 255 p.

SAUSSURE, Ferdinand de (1995 (1913)). Cours de linguistique générale. Paris, Payot, 520 p.

«Les origines des langues», Les Cahiers de Science & vie, no 118 (août-sept. 2010), 114 p.


mardi 16 août 2011

Les mots et le sens

«Créolisation»: le terme à lui seul est assez fascinant. Je ne crois pas qu'il y ait un équivalent en anglais, mais le s'y concept s'applique très bien - je crois qu'on pourrait même dire que la langue anglaise s'est plus ou moins «construite» de cette façon, tout en néologismes, incorporant des mots aux autres langues, incorporant des nuances d'influences diverses.

Je me souviens avoir lu quelque part que Shakespeare, par exemple, inventait constamment de nouveaux mots, à partir de termes provenant du français, de l'italien, ou simplement du parler vernaculaire de son temps, termes qui sont depuis utilisés couramment et font partie du «lexique officiel» depuis maintenant des lustres.

William Shakespeare, le grand dramaturge (et "inventeur" de l'anglais) (source de l'image: Wikipédia).

Le procédé est universel - et on le retrouve aujourd'hui partout. Les sous et contre-cultures, qu'elles soient littéraires, musicales, ou artistiques, la mode, les mouvements sociaux et politiques (entre autres) génèrent de nouvelles formes de langages (patois, dialectes, expressions, références et contre-références), qui sont rapidement adoptées par une minorité faisant office de «code», par exemple le «street swag» dans la culture hip-hop, le «lolspeak» dans la cyberculture, ou les termes techniques propres à certains cercles artistiques.

Un exemple de "lolcat" ou "lolspeak": de l'anglais argotique très modifié. Lol = laughing out loud (rire aux éclats) et cat = chat (source de l'image: Wikipédia).

Les sous-groupes sociaux, spécialement ceux qui luttent pour faire entendre leur voix ou faire reconnaître leurs droits, tels que les minorités ethniques, les féministes radicales, la communauté lesbienne-gaie-transsexuelle-bisexuelle, ont généralement besoin créer de nouveaux horizons langagiers, afin de communiquer une réalité que leur leur langue maternelle, jusqu'alors, n'exprimait pas.

Ces nouveautés verbales et stylistiques sont ensuite récupérées et par ceux qui s'y reconnaissent (enfin!), et par ceux que ces nouveaux horizons ont touchés de près ou de loin. Ils passent en suite dans le langage courant, le rendant plus riche, plus précis.

Je travaille depuis un certain temps à traduire en français un auteur américain. Son oeuvre fourmille de néologismes et de nouveaux mots, créés pour la plupart dans un souci artistique mais aussi, je crois, existentiel: ce qui «n'a pas de nom» n'existe pas, demeure caché, n'appartient pas au réel, à la conscience.

Dans le cas du livre qui m'occupe, la plupart de ces «néo-anglicismes» ont leurs racines dans les sous-cultures liées aux drogues et à une certaine frange «marginale» de la culture américaine, et reposent sur des jeux de mots propres à l'anglais parlé dans les milieux universitaires et érudits.

La seule façon de traduire de tels jeux de langage de façon adéquate consiste en la recherche de «jeux» équivalents dans une sphère lexicale de langue française, mais issus des mêmes faits sociaux et objets de discours.

Je me demande, et en tant qu'anthropologue je crois que tu en sais beaucoup plus que moi là-dessus, quand est-ce qu'un idiome, ou un système grammatical donné devient, non plus un code, mais bien un dialecte? Autrement dit, par quel processus une langue donnée «génère»-t-elle un dialecte?

jeudi 11 août 2011

Langues et mélanges

Une des choses que j’adore de l’anthropologie, c’est la possibilité d’aller très loin, dans le très exotique et le très étrange, pour mieux revenir et mieux se voir soi-même. En d’autres mots, comprendre l’Autre et sa culture pour faire la même chose chez moi.

Je vais donc tenter cet exercice aujourd’hui avec le concept de créolisation.

J’en vois déjà à l’arrière se mettre à bâiller. Non non, je vous le jure: c’est très intéressant!

Tout d’abord, qu’est-ce? «Créolisation» a été bâti à partir du mot «créole», qui nous vient de la linguistique. Une langue créole, c’est un mélange entre deux autres langues, soit celle des colonisateurs et celle des colonisés (ou des esclaves et leurs descendants). On retrouvera donc des bases de français, d’anglais, de portugais et de néerlandais (le plus souvent) et… d’autres langues maternelles. C’est ce qui fait que les créoles parlés aux Antilles diffèrent de ceux de l’Océan Indien, même s’ils partagent des éléments francophones.

Panonceau en créole de la Guadaloupe («Ralentissez: enfants au jeu!» – littéralement : «Levez le pied : nos petits mondes jouent là!») (source de l’image : Wikipédia).

On retrouve ici deux idées clés: l’obligation de partager un moyen de communication entre au moins deux groupes ayant des langues différentes (un peu de ceci, un peu de cela, pas trop de complications au départ), et l’incroyable inventivité humaine, qui permet de générer en quelques générations un nouveau dialecte. Ce processus de transformation (principalement linguistique, mais aussi culturel!) a reçu le nom de créolisation.

Vous remarquerez le petit détour international pour expliquer le créole… et on repart dans l’autre sens!

L’histoire du Québec est un exemple de changement linguistique. D’une part, on retrouve une population relativement restreinte coupée de la population mère. Cela signifie, à terme, des différences plus ou moins importantes: on se rappellera que la plupart des Québécois comprennent sans trop de problèmes les Français (en tout cas, les Parisiens), alors que l’inverse n’est pas souvent vrai. Personnellement, j’en ai mal aux joues de me forcer à prendre l’accent. (Oui! les Français ont un accent. Tout le monde en a un, d’ailleurs!)

Armoiries du Québec, avec la devise «Je me souviens» (du passé, de notre colonisation, de nos victoires...) (source de l'image: Wikipédia).

L’autre phénomène important dans la construction du parler québécois a été, bien entendu, la colonisation anglaise subie à partir de 1763. Les Britanniques ont tenté d’assimiler les francophones, mais deux frontières importantes les en ont empêchés : la langue et la religion (catholicisme versus protestantisme). Je résume, c’est certain. Mais le but n’est pas de ressasser ces vieilles querelles.

Enfin, il faudrait tenir compte de l’apport des langues amérindiennes au vocabulaire québécois (par exemple : caribou du micmac, anorak de l’inuit, maringouin du tupi-guarani…). Cependant, ce lexique amérindien est relativement peu important en quantité.

Ce qui nous ramène au québécois (mélange de français de France, d’anglais et de langues amérindiennes). Mais peut-on parler de créolisation? Même si l’exemple du Québec se rapproche de celui de régions colonisées ailleurs, je n’ai jamais vu quelqu’un oser en parler ainsi. Il y a peut-être une sorte de snobisme à épingler les autres d’un terme qui signifie en gros une sorte de bâtardise de la langue (en sous-entendu, ils n’ont pas été capables de conserver leur langue, nous oui; ou encore ils n’ont pas été assez «brillants» pour utiliser la langue de l’envahisseur).

J’aimerais souligner ici l’aspect essentiel en langue (et en culture aussi) : celui de l’évolution. Tous, langue, dialecte, créole, pidgin, idiome, patois, argot, quelle que soit la façon de parler, tous sont condamnés à se transformer. (Attention : évolution ne veut pas dire progrès : j’en reparlerai une autre fois.)

Cela signifie que le québécois a changé (il ne s’agit pas d’une relique ou d’un «fossile vivant»!). Cela signifie que l’habileté intellectuelle des usagers de créoles est à souligner (plutôt qu’à décrier!). Et cela veut dire en général, aussi, qu’aucune langue n’est à l’abri d’emprunts de toute sorte, de mélanges et d’influences.

Le vocabulaire de l’anglais a été enrichi par les nobles qui ne parlaient que français au Moyen Âge. Le français de France lui-même est une forme simplifiée du latin de l’Empire romain.

Faut-il prôner une pureté de la langue? Non. Pas plus qu’une pureté biologique (ou «raciale»: ça me donne des petits boutons rien que de l’écrire, même si je refuse avec la dernière énergie d’y reconnaître la plus petite base de réalité). Pas plus qu’il ne faut souhaiter qu’une société soit statique. C’est une utopie que de penser qu’une langue pourrait rester indépendante de toutes les autres.

Faut-il pour autant penser qu’on peut impunément faire n’importe quoi? Mélanger tout, au risque de ne plus se comprendre? Non plus. Je pense qu’il faut se réapproprier les vocabulaires empruntés. Et c’est ici que l’exemple des créoles me semble le plus enrichissant pour comprendre le Québec : c’est dans la retransformation des mots anglophones que les Québécois s’approprient leur propre langue, et, quelque part, leur identité.

L’usage du français par les Québécois est contesté et critiqué depuis longtemps. On nous accuse de ne plus parler français. (En passant, je serais curieuse de compter le nombre d’anglicismes du français supposément «exemplaire» européen : je pense qu’on y trouverait sensiblement la même quantité de termes anglophones.)

Mais nous ne sommes plus des Français. Nous sommes autre chose. Notre propre invention. Notre propre culture et notre propre peuple. Et sans nier nos racines, cela ne fait pas de nous une bouture à raccrocher à la plante mère.

Le Québec dans le monde (source de l'image: Wikipédia).

J’admire profondément notre lexique de gros mots. «Christ» a donné «crisse», «décrisser», «déconcrisser», «crissement», etc. J’adore ces déclinaisons. Il serait temps de se respecter suffisamment pour reconnaître notre richesse langagière. Et pour se dire que si notre choix a été de rejeter la religion (sauf dans nos grossièretés, ce qui est assez ironique), il nous reste quand même notre parler qui fait de nous une communauté unique.

Librement inspiré de:
BONTE, Pierre et Michel IZARD (2001). Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, Paris, PUF, 841 p.
Lien vers la dernière édition:

dimanche 7 août 2011

Pourquoi écrire un blogue?

Une des premières raisons qui me viennent en tête est une conséquence directe du piteux état de l'industrie de l'édition au Québec: il n’y a tout simplement pas de forum pour les intellectuels de notre génération (jeune trentaine et moins) sinon en marge des publications édulcorées qui se prétendent «démocratiques», ce qui revient à dire qu'elles se maintiennent en deçà d'un certain degré de compréhension jugé «trop compliqué» voire élitiste pour le lecteur moyen.

On reproche souvent aux philosophes, comme d'ailleurs aux anthropologues, sociologues, historiens/historiens de l'art de «ne s'entretenir qu'entre eux»; à cela j'ai tendance à répondre que, vu le manque d'intérêt généralisé pour les «idées», c.-à-d. la pensée abstraite, on n’a pas vraiment le choix! Hors des publications spécialisées et/ou académiques, on n’accorde à peu près aucune place à la réflexion telle que «pratiquée» par la philosophie et les sciences humaines.

On a donc le choix entre : a) écrire et publier en anglais, b) envoyer des manuscrits aux éditeurs du Monde diplomatique et consorts (qui se verront refusés 9,9 fois sur 10 pour la simple et pas vraiment bonne raison qu'un comité de rédaction quel qu'il soit va nécessairement préférer publier un auteur déjà connu/reconnu), et c) se publier soi-même.

Selon moi le format «blogue» a plusieurs avantages: aussi peu coûteux à créer qu'à lire, le blogue se «distribue» de lui-même via les engins de recherches et les réseaux sociaux; il n’y a pas de censure (hormis celle que commande un minimum de jugement et de savoir-vivre, et dont j'avoue qu'elle fait souvent défaut, mais bon...), pas d'obligation de «traiter» de certains sujets ou non dans une optique ou une autre (comme dans à peu près tous les organes francophones de presse écrite au Québec, possédés et gérés par des illettrés qui se moquent de tout sauf le profit, interpénétration qui, convergence oblige, rend la pensée critique précisément... non critique!); possibilité d'échanges et de création de «réseautages» qui étaient jusqu'à maintenant réservée qu’aux «journalistes» accrédités.

Segment d'un réseau social: le point blanc représente l'élément ayant le plus de connections (directes ou indirectes) (source de l'image: Wikipédia).

Bien sûr, il existe autant sinon plus de «mauvais blogues» que de mauvais livres, et «l’autopublication» a un gros désavantage: pas de correcteurs. Il faut se faire confiance. Mais c'est un défi qui me plaît, et qui force à réfléchir un peu plus à la façon dont on exprime ce qu'on prend la décision de dire.

Par ailleurs, écrire est un geste/acte incroyablement ingrat: un auteur est seul face à la page, sans le feed-back immédiat que reçoivent un musicien, un danseur ou un comédien. Le fait de mettre en ligne un texte rend possible un échange, médiatisé, d'accord, mais tout de même plus ouvert que l'écriture sur papier ne le permet.

Un écrivain, même publié, n'a pratiquement aucune idée de qui lit son livre, et rares sont les auteurs, en tout cas aujourd'hui, qui n'ont pas aussi un blogue, ne serait-ce que pour communiquer avec leur public.

Schéma représentant la loi de Metcalfe sur le nombre de connections possibles entre des éléments d'un système (= le carré du nombre d'utilisateurs n2 ) (source de l'image: Wikipédia).

Pour ma part, je n'ai pas d'ambitions « littéraires », mais il me plaît de croire que certains sujets valent la peine d'être discutés au-delà du milieu académique. Après tout la réflexion philosophique est née, ne l'oublions pas, sur la place publique, et non dansun amphithéâtre d'université...

vendredi 5 août 2011

Sur les blogues

J’ai toujours adoré les dictionnaires. Entre ceux, archaïques, mis à la disposition dans ma classe à la petite école où je cherchais mon prénom, et les deux classiques que nous possédions à la maison (le Petit Larousse et le Petit Robert, pour ne rien vous cacher), je passais du temps.


Je me perdais dans leurs pages, à rechercher les définitions des mots des définitions. C’est un exercice qui ressemble beaucoup à celui de la navigation sur le web. Où l’on saute d’une idée à l’autre, d’un étonnement à l’autre, d’un monde à d’autres.


Pour écrire sur le blogue, j’ai donc commencé par ouvrir mon dictionnaire (toujours le Petit Robert: je reste fidèle à mes vieilles amours). J’y ai appris une étymologie: ça permet de prendre racine.

De weblog («carnet de bord (log) sur Internet»), on a donc coupé le «we». Ça me donne bien envie de jouer sur les mots, avec le «nous» (we) qui disparaît. Il ne resterait que le «je», que l’individu, qu’une série d’individus qui tentent de communiquer.


Parce que c’est probablement sur cette idée que mon désir d’écrire achoppait. L’impression que, finalement, le contact n’est presque plus possible entre l’auteur et les lecteurs.


Je m’explique: oui, le blogue reste un «outil de communication», au sens où il permet de passer un message. Si on reste dans les schémas très classiques de la communication, le blogue est un canal: un support, ici virtuel, par lequel une personne émettrice transmet de l’information à une autre, réceptrice (cf. Barrette, Gaudet et Lemay, 1996).



Par contre, il y a certains chercheurs (par exemple l’école de Palo Alto) pour qui le message n’existe que s’il y a interaction. Autrement dit, le blogue non lu n’est pas un message. Il ne sert à rien. C’est de l’énergie gaspillée.

À quoi sert-il, alors, d’écrire un nouveau blogue? Pourquoi «encombrer» le web d’un autre ensemble de petits discours? Ironiquement, je pense que plusieurs espèrent se sentir moins seuls: on écrit, au jour le jour, on espère des commentaires des lecteurs, des habitués qui reviendront… Établir un contact avec d’autres, se connecter, se réseauter… Et de chercher la page Facebook, le Twitter et de s’abonner au fil RSS.

En fin de compte, sommes-nous plus en lien avec les autres maintenant qu’il y a Internet? Qui n’a pas ignoré, ne serait-ce qu’un court instant, une personne à ses côtés pour lire un courriel, envoyer un texto, répondre au téléphone?

Je mets toutes ces innovations dans un même ensemble. Celui des choses qui nous permettent de ne pas vivre l’instant présent. D’être absent de l’endroit où nous sommes pour être virtuellement dans un autre (ou même dans plusieurs!). L’ensemble des éléments qui nous coupent les uns des autres. Et qui nous rendent de plus en plus solitaires au milieu de la foule.

Je trouve fascinant ce processus. D’une fascination un peu morbide, je l’avoue. En fait, on pourrait aussi décrire notre faculté à nous isoler comme un phénomène profondément métropolitain (dans le sens de villes principales, et non dans l’acception française colonialiste). Les grandes villes ne permettent pas de connaître les gens que nous côtoyons (sauf exception de contextes locaux, par exemple au travail), tout simplement parce qu’il y a trop de personnes.

Comme l’être humain possède des réseaux sociaux limités (le nombre de Dunbar, établi en 1993, calcule environ 150 personnes en relation stable avec chacun d’entre nous), nous ne pouvons pas établir des rapports intimes ou tout au moins poussés avec tous.

Notons ici que les «amis Facebook» ne sont pas souvent des gens à qui nous confierions les clés de notre résidence…

Le blogue est peut-être moins une occasion de se faire des relations que de laisser une petite trace de nous-mêmes dans des mémoires virtuelles. Et de s’accorder un espace de liberté pour dire quelques opinions (attention! toujours subjectives) afin de mettre de l’ordre dans ses propres idées.

Source mentionnée:
BARRETTE, Christian, Édithe GAUDET et Denyse LEMAY (1996). Guide de communication interculturelle, édition, Saint-Laurent, ERPI, 188 p.